Ar-Men : l'enfer des enfers de Emmanuel Lepage

Ar-Men est le phare le plus photographié au monde tant il doit affronter de terribles tempêtes.

A la suite d'un reportage pour l'émission Thalassa, Emmanuel Lepage, sous l'impulsion de son éditeur, décide de faire du célèbre phare, le sujet principal de sa prochaine bande dessinée. 

Pendant huit mois, Emmanuel Lepage se documente, dessine, rencontre des anciens gardiens de phare, rectifie des dessins, parle de son projet.

Ar-Men : l'enfer des enfers est publié en 2017. 

Résumé - impressions :

1962, Germain est gardien au phare d'Ar-Men. Aujourd'hui, Pierrick est remplacé par Louis, c'est la relève tous les vingt jours. Ar-Men est le nom breton de la roche où le phare est érigé. Le phare est au delà de la pointe du Raz, au delà de l'île de Sein, après un chapelet de roches appelé la Chaussée. Précision des gestes, solitude, isolement, vie au grand air, sentiment de liberté. La vie y est dépouillée, réduite à la surveillance du fonctionnement du feu, au contact météo journalier et à l'écoute des nouvelles à la radio. Un soir, une tempête plus forte que les autres endommage l'habitacle d'une partie du phare. Germain découvre alors des inscriptions relatant les anciens naufrages et la construction du phare... 

Emmanuel Lepage nous entraîne dans l'univers des gardiens de phare avant leur automatisation. Il nous plonge aussi dans les légendes bretonnes comme la cité engloutie d'Ys et son roi Gradlon ou le Bag Noz, vaisseau fantôme de l'Ankou, le valet de la Mort, qui vient chercher les âmes trépassées.

Mais surtout, il nous apprend l'histoire de ce phare, du projet à sa construction qui dura quinze années tant les conditions de travail étaient difficiles. Ar-Men est destiné à guider les bateaux mais surtout à éviter les terribles naufrages sur les côtes bretonnes. La lanterne doit émettre son signal coûte que coûte : trois éclats blancs, une longue pause de vingt secondes puis de nouveau trois éclats blancs.

Les fantômes du passé et du présent s'entremêlent. Les formidables aquarelles d'Emmanuel Lepage nous transportent bien au delà des océans, dans les reflets bleus de la mer d'Iroise, à l'air du grand large où bécasses, grives, vanneaux et mouettes dansent autour du phare et dans la nuit noire où la mer déchaînée se fracasse contre le phare.

Les dessins sont d'une beauté surprenante avec des couleurs pastels s'accordant aux différents temps du récit.

En 2021, Emmanuel Lepage est le premier dessinateur de bande dessinée à être nommé peintre officiel de la Marine par le Ministre des Armées. Il en résulte un récit plein de poésie pour un patrimoine à sauvegarder. 

L'essentiel demeure : "Le feu est clair,

                                    tout va bien."