Séraphine de Françoise Cloarec

Séraphine : la vie rêvée de Séraphine Louis/ Françoise Cloarec.- Phébus, 2008
Séraphine : la vie rêvée de Séraphine Louis/ Françoise Cloarec.- Phébus, 2008

"Il est clair que les fleurs servent à Séraphine à peindre ses tableaux et non ses tableaux à reproduire des fleurs." 

                                               André Malraux 

 

Qui est Séraphine Louis-Maillard plus connue sous le nom de Séraphine de Senlis ? 

 

Françoise Cloarec, psychanalyste et peintre, est l'auteur d'une thèse en psychologie clinique intitulée Séraphine de Senlis, un cas de peinture spontanée, soutenue en 1984. 

Dans ce petit livre du titre de Séraphine, Françoise Cloarec nous donne à découvrir une part de la personnalité de cette femme hors norme. 

 

 

Résumé - impressions : 

 

Séraphine est née le 3 septembre 1864 à Arsy dans l'Oise, entre Compiègne et Clermont-de-l'Oise. Elle est la quatrième d'une fratrie. A sept ans, elle a déjà perdu un frère et une soeur ainsi que sa mère et son père. Séraphine est alors recueillie par sa soeur aînée Argentine qui bientôt se marie. Veuve rapidement, elle se remarie en 1868 et a une petite fille Rosalie. Séraphine aide aux travaux domestiques, va à l'école où elle est une élève attentive et douée en dessin. A treize, elle est employée comme domestique dans plusieurs maisons et elle entre à 17 ans chez les soeurs de Saint Joseph de Cluny à Senlis, toujours comme domestique. Nous sommes en 1881. Séraphine y effectue ses "travaux noirs". En 1902, elle quitte le couvent pour s'installer dans ses meubles. Mais bientôt un appel divin de la vierge Marie dans la cathédrale de Senlis va changer sa vie. Séraphine va alors commencer ses "travaux de couleurs"... 

 

Découverte de la vie de Séraphine, une belle âme qui écoute et obéit à l'ordre de peindre. Ainsi va naître des centaines de toiles toutes les unes plus chatoyantes que les autres où Séraphine magnifie la nature : des fleurs, des plumes, des arbres, des bouquets, des fruits, des buissons. Séraphine peaufine sa technique, expérimente, sera toujours fidèle à la peinture Ripolin, tout en rajoutant des petits secrets de sa composition. Elle crée la nuit, à la lumière de la chandelle, en chantant des cantiques. En journée, pinceaux, palette, vases sèchent sur le rebord de la fenêtre. 

Parmi les toiles qui nous sont parvenues : L'Arbre du paradis, Les fleurs du paradis, Le Cerisier derrière une barrière, L'Arbre foudroyé, Le Bouquet de lilas, Les Ceps de vigne, L'Arbre de vie, Les Grandes marguerites. Des quolibets, Séraphine n'en a que faire.

Le miracle a lieu en 1912. Wilhem Uhde, un collectionneur parisien, d'origine allemande, tombe en arrêt devant une toile de Séraphine. Il a déjà acheté des toiles de Picasso, Braque, du Douanier Rousseau et de Dufy, des peintres inconnus à cette époque. Il devient son mécène jusqu'à la crise de 1929. Ensuite, Séraphine perd le sens de la réalité. 

 

Autodidacte, Séraphine construit une oeuvre très personnelle, qu'elle seule peut déchiffrer. La précision de son dessin en fait une artiste à part entière que Wilhem Uhde va appeler avec d'autres artistes Les Primitifs modernes. Les toiles de Séraphine sont alors connues à Paris, à Londres, en Allemagne et jusqu'aux Etats-Unis. Mais la perte de son mécène va entraîner Séraphine doucement dans le délire et la folie. En 1932, après une crise d'anxiété, Séraphine quitte Senlis et la rue du Puits-Tiphaine pour l'asile de Clermont-de-l'Oise. Elle n'y créera plus aucun tableau. "Je suis trop vieille... On ne travaille pas à l'art dans ces établissements, ça ne représente pas mon genre de profession ni mon genre de caractère...". Elle écrira beaucoup de lettres durant son internement dont cet extrait est issu.

Séraphine meurt le 11 décembre 1942 à 78 ans.   

 

Grâce à Wilhem Uhde, l'oeuvre de Séraphine nous est parvenue. Sa vision de la beauté de la nature ne peut que nous toucher au coeur.     

 

 

 

Pour aller plus loin : 

 

L'Ame du savon d'Alep

De père légalement inconnu

L'Indolente : le mystère Marthe Bonnard 

Dans l'ombre de sa soeur

J'ai un tel désir

 

Le site de Françoise Cloarec

 

Dans les mains de Séraphine, Video Mapping Festival, Musée d'art et d'archéologie, Senlis, octobre 2021 [3 min 37]

 

 

 

 

Illustration de couverture : Grenades sur fond vert, 1930 (détail)