La Petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon

1976. Jeux olympiques de Montréal. Une jeune roumaine de 14 ans, dossard 73, remporte la note maximale aux épreuves de gymnastique 10 sur 10 et éblouie le monde entier. A partir de ce moment, les foules, les médias, le régime politique de son pays font faire d'elle un mythe. 

La une d’un quotidien français lors des J.O. de Moscou en 1980, commentant la prestation de Nadia Comaneci , a décidée Lola Lafon à 'écrire ce roman : « La petite fille s’est muée en femme, verdict : la magie est tombée. »

Fascinée par le destin de Nadia, Lola Lafon décide de retracer son parcours. Elle contacte alors l'ancienne gymnaste.

En 2014, paraît un livre ayant pour titre La Petite communiste qui ne souriait jamais qui connaît aussitôt un immense succès.

Résumé - impressions :

1969, Onesti, petite ville de Moldavie roumaine. Nadia a six ans et est à l'école primaire. Elle fait des roulades dans la cour de récréation avec son amie. Bela Karolyi, entraîneur et sa femme Martha, tous deux roumains de la minorité hongroise, recherchent des jeunes filles pour créer une école d'élite de gymnastique. Très vite, il demande à Nadia et à ses parents qu'elle intègre son école... 

Lola Lafon propose une biographie romancée de la "fée des Carpates". Journaux, archives télévisées, témoignages ont servis de base au récit. Lola Lafon enquête, reconstitue, adapte, imagine, se déplace à Bucarest. Sa correspondance avec Nadia Comaneci nous fait appréhender les différences de civilisations entre l'est et l'ouest. Les regards, les idées y sont distincts voire opposés. Nadia a grandi dans un pays dans le giron communiste du temps du président Nicolae Ceausescu. D'un pouvoir ouvert sur le progrès, la Roumanie plonge progressivement dans une dictature, où les exploits de la petite gymnaste serviront d'image de propagande pour un monde équitable.

Lola Lafon ré-invente ce monde disparu après la chute du mur de Berlin et l'exécution du couple Ceausescu. Elle s'attarde aussi sur les conditions d'entraînement hors normes et inhumains pour des petites filles qui doivent rester des petites filles le plus longtemps possible. Nadia ne fait pas exception et accepte les règles de Bela et pour la Roumanie.

De plus, l'Etat contrôle tout et est omniprésent dans la vie de tous les jours, jusqu'à créer la police des menstruations pour empêcher tout avortement et participer ainsi à l'avenir du pays.

Nadia a eu une vie de privilèges, favorisée par l'Etat mais le revers de la médaille bien qu'elle soit olympique est fortement payé. D'ailleurs, elle quittera clandestinement son pays quinze jours avant la chute du couple Ceausescu en 1989, via la Hongrie puis les Etats-Unis. Le couple Karolyi, lui, a fui dès 1981 aux Etats-Unis. 

L'innocence doit-elle être sacrifiée au nom des idéologies ? Nadia parviendra à reprendre sa vie en main et à sourire ? Où sera t-elle enfin libre ?

Un récit subtil et troublant sur le destin d'une femme prisonnière de son mythe.